Description

La goutte est un type d'arthrite, qui se caractérise par l'apparition de crises graves soudaines de douleurs articulaires, qui s'accompagnent d’une sensibilité et d'un gonflement de la région touchée ainsi que de rougeurs et de réchauffement. De façon générale, une seule articulation est attaquée à la fois. Le gros orteil est le plus souvent en cause (le trouble est alors appelé podagre), mais d'autres articulations peuvent aussi être touchées.

La goutte apparaît généralement à un âge moyen et est inhabituelle chez les personnes de moins de 30 ans. Elle apparait également deux fois plus fréquemment chez les hommes que chez les femmes préménopausées. Après la ménopause, celle-ci se développe tout aussi fréquemment que chez les hommes, typiquement après l’âge de 50 ans (les œstrogènes, présents en plus grande quantité avant la ménopause semblent jouer un rôle protecteur contre la goutte). Certains médicaments et certaines maladies peuvent occasionner une crise de goutte et ce quels que soient l’âge et le genre de la personne. La première crise de goutte se produit le plus souvent aux alentours de 45 ans. Il s’agit d’une affection universelle, déjà identifiée à l’époque d’Hippocrate, il y a 2,500 ans et qui touche environ 3% de la population.

Causes

La douleur et la tuméfaction provoquées par une attaque de goutte s'expliquent par l'accumulation de cristaux d'acide urique dans l'articulation touchée, ce qui entraîne une inflammation. L'organisme synthétise normalement de l'acide urique lorsqu'il dégrade les protéines. L'acide urique reste généralement sous forme dissoute dans le sang, avant d'être éliminé par le rein. S'il y a une quantité excessive d'acide urique dans le sang (hyperuricémie), ou si les reins ne peuvent l'éliminer assez rapidement, le taux d’acide urique présent dans le sang atteint un niveau que le sang ne peut supporter. En conséquence, des cristaux se forment et s'accumulent dans les articulations, ou dans d’autres régions comme la peau. L’excès d’acide urique présent dans l’urine peut également se cristalliser et se déposer dans les reins et crée un terrain propice à la formation de calculs rénaux.

Dans les cas graves, les dépôts d'acide urique sont si importants qu'ils peuvent atteindre les tissus sous-cutanés et au-delà. Ces dépôts importants autour des articulations et du cartilage (comme le pavillon de l'oreille) portent le nom de tophus. La goutte peut également provoquer une bursite grave, c’est-à-dire une inflammation des sacs de fluide amortissant et protégeant les tissus.

Dans la plupart des cas, on observe que les personnes souffrant de la goutte présentaient des taux d’acide urique élevés sur une longue période, souvent jusqu’à 20 ans avant d’avoir leur première attaque.  

Certains aliments à forte teneur en protéines peuvent entraîner la production dans l'organisme d'une quantité excessive d'acide urique, ce qui déclenche la goutte. Les boissons comme le thé, le café, le cacao et plus particulièrement l'alcool, sous toutes ses formes, entraînent l'élimination d'une quantité supplémentaire d'eau par l'organisme, ce qui peut provoquer une crise. Certains médicaments peuvent restreindre la capacité du rein à éliminer l'acide urique, notamment les diurétiques, lévodopa et niacine, et des faibles doses d'AAS* (Aspirine). Certaines conditions peuvent également accroître le risque d’apparition de la goutte comme l’obésité, les maladies rénales chroniques, le diabète de type 2, une pression artérielle élevée et de forts taux de cholestérol. Des changements soudains dans l'alimentation ou un gain ou une perte de poids peuvent également provoquer la goutte.

La goutte apparait souvent au niveau des articulations ayant déjà été blessées. 90% des patients atteints de goutte ont déjà subi une attaque au gros orteil, étant donné qu’il est très fréquent pour la majorité des gens de se blesser de manière répétée à cet endroit au cours de sa vie.  

Symptômes et Complications

Les symptômes d'une crise de goutte peuvent difficilement passer inaperçus. De façon générale, la personne atteinte se couche le soir en se sentant parfaitement bien, puis s'éveille pendant la nuit en souffrant d'une douleur intense dans le gros orteil (plus de la moitié des premières attaques de goutte se situent dans cette articulation). Au début, la personne a la sensation qu'un seau d'eau froide a été versé sur son articulation, mais une sensation très douloureuse de cisaillement apparaît bientôt, de même qu'une sensation de pression et d'oppression. La région devient rouge, chaude et très sensible au toucher, et même la présence d'un drap peut accroître les douleurs. Le gonflement s'étale souvent sur une large portion du pied, rendant impossible le port d'une chaussure. Une fièvre légère apparaît souvent.

L'attaque disparaît généralement d'elle-même après 3 à 10 jours, mais un traitement rapide peut accélérer le soulagement. Après une crise de cet ordre, appelée goutte aiguë ou arthrite goutteuse aiguë, la plupart des patients subissent un autre épisode dans les 2 années qui suivent. Les crises semblent être de plus en plus fréquentes, persister pendant plus longtemps et toucher un plus grand nombre d'articulations avec le temps.

Dans des cas très rares, les crises ne disparaissent pas et persistent, se transformant alors en goutte chronique. Si l'inflammation se poursuit, les cristaux peuvent endommager et déformer de façon permanente l'articulation touchée. En outre, des cristaux d'acide urique peuvent s'accumuler dans des tissus autres que les articulations, formant des dépôts appelés tophi, qui prennent la forme de masses friables blanchâtres ou jaunâtres sous la peau, particulièrement dans les doigts, les orteils, la partie arrière des coudes, derrière les talons et autour de la partie externe de l'oreille. Les tophi traversent parfois la peau, entraînant la formation d'ulcérations.

Les personnes atteintes de goutte présentent des risques plus importants d’être touchées par une maladie cardiovasculaire, notamment l’athérosclérose (un durcissement des artères pouvant conduire à une crise cardiaque ou à un accident vasculaire cérébral). Il n’est pas certain que des taux élevés en acide urique jouent un rôle dans l’apparition de l’athérosclérose. Cependant, la plupart des personnes atteintes de goutte présentent également une quantité importante de graisse viscérale ainsi que d’autres facteurs de risque associés à l’athérosclérose comme une pression artérielle élevée, ou des taux de glucose et de cholestérol élevés. Ces risques peuvent être grandement réduits si l’on observe un mode de vie sain et si l’on prend ses médicaments tels que recommandés.   

La goutte peut causer des calculs rénaux, susceptibles de provoquer des symptômes comme une douleur intense au flanc ou à l'aine et, parfois, du sang dans l'urine. Il n'est pas clair jusqu'à quel point la goutte peut endommager les reins, outre les effets des calculs rénaux.

Diagnostic

Les signes et les symptômes d'une crise aiguë de goutte sont normalement assez évidents pour que le médecin établisse le diagnostic d'après les antécédents et un examen physique. Lors de l’établissement du diagnostic, le médecin prendra également en compte d’autres causes possibles telles qu’une infection. Des analyses sanguines indiquant une hyperuricémie peuvent confirmer le diagnostic, mais elles ne sont pas nécessaires. Le médecin peut insérer tout simplement une aiguille dans l'articulation et prélever un peu de liquide, qu'il examinera au microscope. S'il s'agit de la goutte, des cristaux d'acide urique ayant la forme d'aiguilles apparaîtront lorsque le liquide sera examiné sous une lumière polarisante. Il s’agit là d’un examen établissant un diagnostic définitif.

Traitement et Prévention

La priorité principale consiste à soulager la douleur et à interrompre la crise aiguë. Les AINS (anti-inflammatoires non stéroïdiens) comme le naproxène*, l’ indométacine et le célécoxib peuvent être utilisés à cet effet. Ces médicaments contribuent à réduire la tuméfaction et la douleur. Un autre médicament, la colchicine, peut être prescrit au lieu d'un AINS dès les premiers signes d'une crise. Des corticostéroïdes, qui peuvent être injectés directement dans l'articulation ou pris oralement, peuvent réduire l'inflammation. Votre docteur pourrait vous prescrire un ou plusieurs de ces médicaments afin de traiter vos crises de goutte.

Une personne subissant des attaques de goutte 1 à 2 fois par an et ne présentant pas de calculs rénaux ou de taux d’acide urique élevés dans ses hormones n’aura généralement pas besoin de suivre un traitement chronique. En cas de crises répétées ou si des dommages rénaux semblent être une possibilité, les médicaments tels que l’allopurinol et le fébuxostat peuvent être utilisés pour réduire les niveaux d’acide urique. Ces médicaments sont à prendre tous les jours, pour toujours. L’un des problèmes associé avec la prise de ces médicaments est la possibilité que les attaques augmentent durant les 6 premiers mois, pendant que les médicaments éliminent la quantité superflue d’acide urique. C’est pour cela qu’un grand nombre de personnes prendront également de la colchicine durant les 6 premiers mois du traitement.

La prévention est un élément tout aussi important du traitement de la goutte. Il est essentiel de maîtriser son poids et sa pression artérielle et de bien s'hydrater. Une alimentation saine s'avère très importante et peut réduire les crises au minimum. Éviter de consommer excessivement de l’alcool fait partie de ces mesures de prévention. Il existe des régimes alimentaires spécifiques ayant pour objectif de réduire la quantité d’acide urique en limitant les purines et les pyrimidines, par exemple en réduisant la consommation de viande rouge . Cependant, ces régimes peuvent être difficiles à suivre et n’ont parfois qu’un impact limité sur dans la réduction des taux d’acide urique.

Grâce à un diagnostic et un traitement précoces, il est possible d'éliminer la goutte, de prévenir les dommages articulaires et de mener une vie normale.


*Tous les médicaments ont à la fois une dénomination commune (un nom générique) et un nom de marque ou marque. La marque est l'appellation qu'un fabricant choisit pour son produit (par ex. Tylenol®). Le nom générique est le nom du médicament en médecine (par ex. l'acétaminophène). Un médicament peut porter plusieurs noms de marque, mais il ne possède qu'un seul nom générique. Cet article répertorie les médicaments par leur nom générique. Pour obtenir des renseignements sur un médicament donné, consultez notre base de données sur les médicaments. Pour de plus amples renseignements sur les noms de marque, consultez votre médecin ou un pharmacien.

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